Né en 1934
1975-1995: professeur de sculpture aux Beaux-Arts de Blois.
exerce depuis 1974.
Après une enfance et une adolescence dans le Sud-Ouest, Étienne Magen arrive à Paris, où il apprend la sculpture à l’École des Arts Appliqués et aux cours du soir de la Ville de Paris.
Il revient en province dans les années 60 et il est nommé professeur à l’École des Beaux-Arts de Blois où il enseigne jusqu’en 1995.
Il taille des bois, dont les formes inspirées des courbes de la femme, témoignent d’une rigueur architecturale solide.
Comme avec le bois, sa recherche céramique se situe au niveau de l’organisation des plans et des volumes, de leurs jeux avec la lumière, de la force et la beauté qu’ils révèlent. Inlassablement, il travaille la composition des pâtes, terres mélangées de différentes provenances, qui avec l’intime participation du feu, donneront les couleurs définitives à des grès dont les volumes et les courbes rappellent les éléments minéraux et végétaux de la nature.
« La plus belle définition de la sculpture que je connaisse est celle de Gilioli: « la sculpture c’est un fruit sur un arbre que la sève pousse de l’intérieur, et il éclate dans la lumière ». Quand je l’ai découverte, il y a près de trente ans, je me suis rendu compte que cette définition était toute proche de ma façon de travailler. Sculpteur de terre, quelles que soient les argiles que j’emploie, l’évolution reste toujours la même. Au départ, une idée, un bout de dessin, un caillou, très peu de chose, une racine, puis cela pousse, monte, grandit avec cette vision que j’ai en moi de la croissance, de la force contenue du bulbe et du bourgeon, latente, puissante, discrète, inéluctable, et, quand le temps est venu, ça s’épanouit comme l’éclosion d’un oeuf dans la lumière. Et cette lumière indissociable, joue avec les ombres selon les heures, le temps, et ça n’en finit pas.
Ma recherche actuelle est toujours orientée vers la cavité, le creux… Faire des pièces dans lesquelles on peut entrer, se nicher, se blottir… Mon travail commence par une recherche en petit format, que j’agrandis par la suite si la pièce semble pouvoir le supporter. Mes architectures de terre sont influencées par le monde végétal et minéral, et par l’incomparable organisation du corps humain, avec sa force, sa douceur, sa sensualité. Depuis vingt ans mes sculptures de grès sont cuites dans un four à bois de 3m cube, à 1280 ou 1300 degrés. Un second four de 7m cube, qui fonctionne également au bois, me permet d’augmenter la taille de mes pièces monobloc monumentales, Mon atelier n’a pas d’équipement sophistiqué. Je ne tourne pas, et jusqu’ici je prépare mes pâtes fortement chamottées, à la main. »
sculpture bois, résine et métal 92x95x30
Martine Magritte Le faste des émotions C’est l’art, et non l’histoire Qui règne souverainement sur la vie. Fernando Pessoa La fin des certitudes, Ainsi soit-il, Le juge, La pesée sans âme, les titres de ces œuvres le confessent ; il y a, dans le rapport de Martine Magritte à la sculpture, quelque chose qui relève du rituel, et peut-être même, de l’exorcisme et du vaudou. A l’opposée d’une certaine sculpture contemporaine n’ayant d’intérêt que pour les lignes pures et les formes géométriques, l’œuvre de cette artiste renoue avec une pratique bien plus archaïque et signifiante de l’art. par Frédéric-Charles Baitinger Peuplées de figures ne surgissant qu’à demi corps de la pierre, ces sculptures souvent zébrées de fer, sont toutes empreintes d’une même envie de faire du réel le point de départ d’un monde entièrement peuplé de symboles. A l’instar des peintres expressionnistes, sculpter ne se réduit pas, pour cette artiste, à l’acte de donner une forme, mais bien à investir la matière d’une charge poétique, d’une aura capable de la transformer en un véritable objet de culte. Puisant presque toujours, dans l’actualité sanglante, les larmes de son inspiration, Martine Magritte possède ce don surprenant de condenser en une seule figure tous les enjeux humains qui planent autour d’un événement. Que ce soit la guerre d’Irak, dans son œuvre intitulée La puissance et la gloire, ou bien encore l’affaire Dutroux dans Te Deum, une même puissance instinctive d’abréviation et de simplification lui permet de réunir, en une seule figure expressive, l’ensemble des faits et leur juste interprétation. Subordonnant ainsi sa quête de beauté aux entailles émotives d’une figuration libre, cette œuvre ne se laisse pas facilement classer dans un genre. A l’instar des peuples dit « primitifs », Martine Magritte ne cherche pas à imiter le réel ou à s’en détourner au profit d’une quête purement formelle. Bien au contraire. Purgeant, à même les lignes virtuelles d’un bois ou d’une roche, les débordements de son imaginaire, chacune de ses sculptures est l’indice d’une force plastique ne connaissant du réel que les tourbillons. Voilà peut-être pourquoi l’œuvre de Martine Magritte n’est ni abstraite, ni purement figurative, mais lyrique, au sens où Pessoa employait ce terme dans ses réflexions esthétiques; espérant par là désigner non pas un style, mais un type de tempérament et de rapport à l’art. Tel est, en tout cas, ce qui distingue à nos yeux l’œuvre de Martine Magritte d’une foule d’autres sculpteurs ayant sombré dans les affres d’un art dépourvu d’émotion et de sens. Car, comme l’écrit si justement Pessoa : « L’art a pour valeur essentielle d’être l’indice du passage de l’homme dans le monde, le résumé de l’expérience émotionnelle qu’il en a ; et comme c’est à travers l’émotion, et à travers la pensée provoquée par l’émotion, que l’homme vit le plus réellement sur terre, sa véritable expérience, il l’inscrit dans le faste de ses émotions, et non dans la chronique scientifique ou dans les histoires de ses régents et de ceux qui le gouvernent . » Fernando Pessoa, Le chemin du serpent, La poésie lyrique, Ed Titres. martine-magritte-
sculpture mobile en résine sur mât métalique
Le mouvement est la 4ème dimension de mes sculptures. Il me permet de donner un supplément d’âme.
Le mouvement peut être suggéré, en particulier celui du vol par la pose de du héros, de l’oiseau ou du poisson. Le mouvement de l’air, le vent, est montré indirectement par le mouvement de ce qu’il fait bouger : les voilures des sculptures comme dans le cas de la rotation des pales. Dans ce cas, il révèle le déplacement. Dans d’autres oeuvres, le mouvement est direct : une bille qui roule dans une descente et le mouvement nait, capte l’oeil et l’emmène à sa guise.
Le passage d’une pale à une autre pour une éoliènne ou le moment d’une bille qui roule donnent une idée du temps qui passe alors que le visiteur regarde à la manière d’un balancier de pendule.
Et comme l’a écrit François Villon, il y a quelques temps :
Bien sçay, se j’eusse estudïé
Ou temps de ma jeunesse folle
Et a bonnes meurs dedïé,
J’eusse maison et couche molle…
Mais quoy ! je fuyoie l’escolle
Comme fait le mauvaiz enffant.
En escripvant ceste parolle,
A peu que le cueur ne me fent.
(François Villon, Testament XXIV)