Martine Magritte sculpteur belgique
Martine Magritte Le faste des émotions C’est l’art, et non l’histoire Qui règne souverainement sur la vie. Fernando Pessoa La fin des certitudes, Ainsi soit-il, Le juge, La pesée sans âme, les titres de ces œuvres le confessent ; il y a, dans le rapport de Martine Magritte à la sculpture, quelque chose qui relève du rituel, et peut-être même, de l’exorcisme et du vaudou. A l’opposée d’une certaine sculpture contemporaine n’ayant d’intérêt que pour les lignes pures et les formes géométriques, l’œuvre de cette artiste renoue avec une pratique bien plus archaïque et signifiante de l’art. par Frédéric-Charles Baitinger Peuplées de figures ne surgissant qu’à demi corps de la pierre, ces sculptures souvent zébrées de fer, sont toutes empreintes d’une même envie de faire du réel le point de départ d’un monde entièrement peuplé de symboles. A l’instar des peintres expressionnistes, sculpter ne se réduit pas, pour cette artiste, à l’acte de donner une forme, mais bien à investir la matière d’une charge poétique, d’une aura capable de la transformer en un véritable objet de culte. Puisant presque toujours, dans l’actualité sanglante, les larmes de son inspiration, Martine Magritte possède ce don surprenant de condenser en une seule figure tous les enjeux humains qui planent autour d’un événement. Que ce soit la guerre d’Irak, dans son œuvre intitulée La puissance et la gloire, ou bien encore l’affaire Dutroux dans Te Deum, une même puissance instinctive d’abréviation et de simplification lui permet de réunir, en une seule figure expressive, l’ensemble des faits et leur juste interprétation. Subordonnant ainsi sa quête de beauté aux entailles émotives d’une figuration libre, cette œuvre ne se laisse pas facilement classer dans un genre. A l’instar des peuples dit « primitifs », Martine Magritte ne cherche pas à imiter le réel ou à s’en détourner au profit d’une quête purement formelle. Bien au contraire. Purgeant, à même les lignes virtuelles d’un bois ou d’une roche, les débordements de son imaginaire, chacune de ses sculptures est l’indice d’une force plastique ne connaissant du réel que les tourbillons. Voilà peut-être pourquoi l’œuvre de Martine Magritte n’est ni abstraite, ni purement figurative, mais lyrique, au sens où Pessoa employait ce terme dans ses réflexions esthétiques; espérant par là désigner non pas un style, mais un type de tempérament et de rapport à l’art. Tel est, en tout cas, ce qui distingue à nos yeux l’œuvre de Martine Magritte d’une foule d’autres sculpteurs ayant sombré dans les affres d’un art dépourvu d’émotion et de sens. Car, comme l’écrit si justement Pessoa : « L’art a pour valeur essentielle d’être l’indice du passage de l’homme dans le monde, le résumé de l’expérience émotionnelle qu’il en a ; et comme c’est à travers l’émotion, et à travers la pensée provoquée par l’émotion, que l’homme vit le plus réellement sur terre, sa véritable expérience, il l’inscrit dans le faste de ses émotions, et non dans la chronique scientifique ou dans les histoires de ses régents et de ceux qui le gouvernent . » Fernando Pessoa, Le chemin du serpent, La poésie lyrique, Ed Titres. martine-magritte-
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